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Citron sur canapé
17 juillet 2012

Moi, mon bonheur ce fut

(Ce texte est ma participation au concours de millebulles)

Je cherche une idée, je me tortille l’esprit, je tweete l’angoisse de la page blanche. « Qu’est ce qui m’a rendu heureuse ? » Alors que je m’affole - c’est quand même tragique de ne pas savoir répondre à cette question - me vient aux oreilles le bruit de sa respiration. Cadencée, fluette, impalpable. Je tends l’oreille pour mieux l’entendre. Il est endormi. Si paisible, qu’il me fait penser au dormeur du val. En bien vivant. Il est couché sur le côté, en travers du lit, son bras replié près de son visage. Je détaille chaque partie de son corps. Ses pieds, que je sais longs, fins et irrésistiblement chatouilleux. Ses chevilles et ses mollets, tout minces par rapport au reste de son corps.

Je remonte encore. Son tee-shirt est légèrement relevé, laissant entrevoir un triangle de peau près de son flanc, blanc, tendre et musqué. Mes pieds sont appuyés sur son ventre, qui a grossi en même temps que le mien, mais qui ne tient à présent plus la distance. Je le sens se soulever, puis se désemplir.

Ses mains. Ses doigts gauches sont tout durs, au bout, à cause de la guitare. J’aime bien toucher cette peau morte et racornie, où l’empreinte des cordes est encore moulée. La petite cicatrice qu’il a près du coude droit, que j’aime aussi parcourir de mes doigts. Comme les veines renflées qui font la virilité de ses mains et de ses avant-bras, qu’il déteste que j’effleure. J’aperçois son oreille, au loin. Celle-ci, ce n’est pas la plus drôle. L’autre est légèrement repliée sur elle-même. Il a une oreille rabougrie et ça me fait rire.

Je scrute son visage. En regardant sa bouche, j’imagine son sourire, indescriptible et délicieux. Et plus encore son rire, et ouh la la, ça papillonne dans mon ventre. Sa voix, et tous les mots odieux ou passionnés qu'il a pu me dire. Ses yeux sont fermés, mais lorsqu’ils s’ouvrent et me regardent, je lis nos vies liées et parfois même, son bonheur.

L’endroit que j’aime par dessus tout, plus encore que ses mains et ses fesses, c’est ce morceau de peau juste en dessous de la commissure de ses lèvres. Des deux côtés, peu importe, je m’en fiche. Mais entre le coin de sa bouche et son menton je peux lire toute son identité. Je ferme les yeux et je le respire, lui, son odeur d’homme, nous, notre passé douloureux, notre fils en fabrication, son courage, sa maturité et tout ce qu’il est prêt à nous construire. Il entre tout entier par mon nez, passe par mon cœur et ça finit immanquablement par un baiser.

La réponse était donc tout juste là, à mes pieds. C’est lui. Grâce à lui enfin je m’abandonne. Lui qui compose mon bonheur. Lui qui m’a offert la vie dont j’ignorais rêver. 

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Citron sur canapé
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