Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Citron sur canapé

28 janvier 2014

Et regardent mes pieds qui calmeraient la mer

photo 1

photo 2

photo (4)

Pourtant ébranlé mon corps, émietté mon cœur, giflé mon visage, je crois bien ne plus avoir pleuré. J’ai absorbé les commotions, du mieux que j’ai pu, le regard cotonneux, le ventre caverneux.

Puis elle est partie et puis j’ai pleuré.

Elle y a réussi, à faire couler les larmes qui avaient déserté mes joues depuis la naissance d’Ange.

Des fourmis rampent sous mon cœur engourdi. Peu à peu, je retrouve des sensations. J’ai froid. Et la tristesse, le manque, la solitude, la frustration, un peu la colère aussi.

Grâce à elle, je me souviens que je suis vivante, et que j’ai le droit d’avoir mal.

Et ça coule, et ça coule. A fleur de peau, c’est tout nouveau.

Je dois accepter, de fermer la parenthèse de cette année pendant laquelle j’ai fait semblant de croire qu’elle allait rester toute sa vie ici, près de nous.

(A bientôt, ma reine.)

En dehors du départ de ma sœur, je me sens blessée trop souvent par l’homme que j’aime, je me sens engloutie, terrassée, envahie, noyée par ma mère, et je me dis qu’il faudrait que je me relève, sans l’aide de personne. Que ce serait marrant, un jour, comme ça, de me mettre à croire en moi.

 En attendant j’attends qu'il me dise que je suis jolie et je guette dans les yeux de mon fils mon reflet de maman.

Publicité
Publicité
3 novembre 2013

Acercate, salvador de mi vida

Les mots se bousculent dans ma tête. Bien peu franchissent ma bouche, presque tous s’entassent dans mon cœur. Il y a entre nous une telle évidence qu’il m’est devenu de moins en moins nécessaire d’exprimer ce que je ressens pour lui.

Je regarde les gens que j’aime réunis autour de lui. Tous ont vu leur vie bouleversée par la naissance d’Ange. Chacun à leur façon, ils l’accompagnent. Mon amour pour lui suffit à me combler bien sûr, mais celui que les autres lui portent me fascine et m’enchante.

Les vannes sont ouvertes. Mon fils a un an et je suis en larmes. Pas des sanglots tristes non, juste le contrecoup. J’ai encore du mal à prendre conscience que je suis maman, que je suis sa maman, et déjà il faut que je me mette dans le crâne qu’il a un an.

Je ne trouve pas que tout est allé trop vite, j’ai profité de chaque moment avec lui. Je lui ai donné, et je lui donne encore, tout mon temps, toute mon attention. Je ne regrette pas spécialement ses premiers mois, je les ai trouvé sereins et fabuleux mais chaque stade qu’il franchit est extraordinaire. Même s’ils sont plus agités !

Ce sont des larmes d’étonnement, de fierté et bon d’accord, un peu de nostalgie. Ce sont des larmes de faiblesse, de peur de ne pas être à la hauteur, de ne pas être une assez bonne maman pour un enfant si exceptionnel.

Il a fait pousser des cheveux blancs sur ma tête, à 25 ans ouais. Il a réveillé certaines douleurs en moi mais fait naître un bonheur incommensurable, une force que je n’aurais jamais soupçonnée et un amour infini, démesuré, inconditionnel.

Je suis fière de lui et le coeur gonflé d'amour, je lui dis merci d'avoir, le trois novembre deux mille douze à vingt-deux heures douze, changé ma vie.

Jamais je n'aurais pensé être émue à ce point par un vol d'oiseaux. Les étourneaux sont les mêmes, tu sais. Lève les yeux, ils t'accompagnent.

 

 

(ouais ouais copyright la photo Pauline <3)

27 juin 2013

Fandango

C’est si simple.

Mon bébé fait mine de se réveiller de la sieste, son père et moi on se retrouve devant son lit à le regarder, toujours, et à pas en croire nos yeux, toujours pas, sept mois et quatorze jours après. Il se rendort et on a l’air un peu con, les bras ballants. Alors on s’enlace.

J’en ai passé, j’en passe encore, des nuits blanches, des réveils éreintants, « c’est les dents », « la crise des huit mois », « ça va passer », « c’est parce qu’il a perdu son rythme de sommeil ». Rien de tout ça, tout à la fois. Mon bébé koala, mon bébé pègue, mon arapède me tend les bras, s’accroche à ma jambe, s’installe sur mes pieds, se niche dans mon cou.

Jamais je ne me suis sentie aussi puissamment femme. Je connais mon corps, je m’y sens bien, je le contrôle. Je ne m’attendais pas à ce que devenir mère me permette de me sentir si solide de l’intérieur. Ca doit être ça l’épanouissement, le fameux. Ca me dégoûte d’entrer dans de tels clichés mais oui, Ange m’a rendue à moi.

Je monte la pente qui mène à l’auditorium du Palais du Pharo, et je tombe sur la plus belle vue de Marseille, de l’Estaque à Notre-Dame de la Garde (Je t’arrête tout de suite : personne ne l’appelle La Bonne Mère ici). Quelqu’un m’interpelle : « Mademoiselle, vous vous trompez, c’est à droite ». Je sourie, balbutie un merci et me demande comment cette personne sait mieux que moi où je dois aller. Je prends ça pour un signe.

Un pique-nique sur l’herbe verte, sous le ciel bleu, le nez à la brise. Des tommettes partout, l’attaque des hannetons qui fait pleurer ma mère de rire. Et l’été. Mon bébé dans les bras en sortant du musée, il y a tant de vent que la poussette s’envole, et pour une fois, je ris.

Chez le psy, ma mère, moi et vers Ange convergent tous les regards. Il met plein de trucs dégueus à la bouche et je m’en fous. Il tend les bras à sa grand-mère, le soubresaut de mon coeur, le psy sourit. Tout va bien. Elle a eu vingt ans le soir de la musique, le soir de l'été. Le rire du père de mon fils résonne dans mes oreilles. Et je suis si heureuse que j’ai envie de pleurer. Grâce à Dieu, tout va bien.

 

http://www.deezer.com/track/8383545

7 juin 2013

Autour des amandiers fleurissent les mondes en sourdine

C’est comme si je me réveillais d’un sommeil cotonneux. J’ouvre mes yeux bouffis dans un demi-sourire, celui qu’on a aux lèvres quand on a fait un joli rêve, et je regarde autour de moi. Les gens qui s’agitent, le matin qui se lève, les saisons qui défilent. C’est comme si je découvrais soudain –révélation- qu’on n’est plus tout seuls, qu’il y a de la vie allogène autour de nous deux, de notre cocon, de nos nombrils. Je croyais que ça durerait toujours, moi, cette envie de rien sauf mon bébé tout contre ma peau, cette langueur délicieuse, ces journées interminables, faites de danse, de balades, de câlins, de siestes, de tendresse, et même de rien, mais de rien avec lui, près de lui, tout contre lui.

Ma ville est enfin comme je l’aime, léthargique, le soleil au zénith. La touffeur impose la paresse. Cette silhouette à contre-jour que je croise, un survêt, des tongs Fila, une main qui se gratte les couilles. Ca me fait sourire, c’est tellement ça. Les parties de foot sur le petit stade près de chez moi, les voitures qu’on répare après la sieste, torses nus, casquette sur la tête et du cambouis plein les mains. Dans sa torpeur, Marseille reprend vie. Et moi j’émerge.

Je me rends compte de la présence des autres, pile au moment où mon bébé se rend compte de la mienne. Il me tend les bras, s’arcboute dans ceux de son père ou de sa grand-mère quand il m’aperçoit, pleure quand je m’en vais, me sourit quand j’arrive. Il m’aime.

Et moi je suis là tu sais, pas trop loin mais plus trop près. Je te regarde t’éloigner de moi à quatre pattes, et je me dis que si tu sais aussi bien cavalcader, c’est parce que je t’ai posé par terre plutôt que de te garder aux bras. Tu te cognes la tête contre le carrelage, et j’accours pour te serrer contre moi, pour enlever ta peine et ta douleur, pour te consoler tant que tes larmes couleront et que tu auras besoin de moi. Et je t’observe grandir, ivre de fierté. Le lien entre nos deux nombrils est toujours là, il est juste un peu plus élastique.

Alors je pense à moi. A mon métier, que j’avais oublié. A ces idées que je n’aurais jamais pensé avoir. Le monde a beaucoup tourné depuis que je m’en suis désintéressée mais je crois que je saurai le rattraper.

16 mai 2013

Sache que ce cœur exsangue pourrait un jour s'arrêter

Si je disparaissais maintenant, tu n'aurais aucun souvenir de moi. Aucun souvenir de ta mère.

Tu continuerais à vivre, avec peut-être au fond du coeur, plus tard, un trou béant. Le manque du parent, le manque d'une mère mais pas de la tienne, pas de moi. Et tu ne saurais rien du sommeil partagé pendant de si longs mois, et encore parfois pendant les siestes, partagé étant un bien grand mot, le mien se résumant souvent, alors que j'ai tant sommeil, à capter la moindre de tes mimiques endormies, à sourire de ta bouche qui tète dans le vide, à renifler tes cheveux collés par la transpiration, la mienne, la tienne, à caresser la marque de mon soutien-gorge sur ta joue quand tu tournes la tête vers moi, à lisser ton sourcil embroussaillé. Tu ne te souviendrais pas, d'ailleurs sûrement les as-tu déjà oubliés, des neuf mois en moi, nos deux corps en un réunis, mes mains qui te cherchent, et le bruit de mon coeur, que tu es bien le seul à connaître de l'intérieur. 

Moi pour toujours je me souviendrai de ces tétées goulues, de tes soupirs de satisfaction gourmande qui changent de tonalité au fil des mois puis de ces siestes repues. Et de ces sourires, mon Dieu, tes sourires, qui balaient la moindre larme à peine esquissés, les yeux encore fermés mais déjà, avant de jeter ton premier regard de la journée sur le monde, tu es heureux, mon fils gracieux, mon fils radieux, mon fils aimé.

Je veux que tu saches toute la force de mon amour, que tu n'oublies jamais à quel point ta chair est reliée à la mienne et comme mon pouls bat au rythme du tien. Et l'étrange sentiment d'être divisée en deux, tu me complètes absolument. J'ai pris la mesure de tout le bien que tu pouvais me faire le jour où tu as vraiment posé les yeux sur moi. Tu devais avoir quelques jours, quelques semaines peut-être et je me suis dit "bordel, jamais on ne m'avait regardée comme ça, et jamais on ne me regardera de plus belle façon". Je ne me rends pas encore trop compte de ce que je peux représenter pour toi, mais Dieu si tu savais à quel point tu es mon monde, et que le reste peut bien se catastropher, tant que je peux sentir, respirer, ou entendre ton souffle, tant que ton nombril est près du mien, tant que ta main s'aggripe à mon sein.

Tu ne sauras sans doute jamais qu'à cet instant précis, tu as six mois et treize jours, tu es sur mes genoux, les yeux rivés sur l'écran de l'ordinateur, tu regardes sans les voir ces lignes d'amour que j'écris pour toi, pour moi, pour nous. Tu sais, tous ces instants-là, mon amour, ma vie, et tous ceux qu'il nous reste à vivre, tu sais, tu sauras, n'oublie pas. 

Publicité
Publicité
8 mai 2013

Et le monde tourne mollement

Les grosses lunettes, le poignet fin, le jean moulant, la moue boudeuse, le bébé nu et dodu entre ses jambes, tout y est. Cette photo, ma mère, moi et puis lui. 

Je râle parce qu'il se réveille, mais je reste avec lui bien après l'avoir endormi. On n'entend plus que le roulis du fauteuil à bascule en osier sur le carrelage gris et froid. Je le serre fort fort et encore plus fort. Je l'observe. Chaque ligne de ce visage aux longs cils, je veux l'inscire en moi. Ce drôle d'air quand il dort, il l'avait déjà dans mon ventre. Il entrouvre ses lèvres, je rapproche mon nez. Cette odeur... 

Son baptême était très, très jolie cérémonie. Le père P. parlait en me regardant droit dans les yeux (la foi, ça se détecte au fond des pupilles, alors ?). Il parlait de Dieu, il parlait d'amour et tout ça résonnait profondément en moi. Je serrais les dents pour pas chialer et je me trouvais ridicule, on pleure pas au baptême de son fils, pauvre cruche. Et pourtant. Je me disais quelle chance il a, cet enfant, d'être si bien entouré, d'être aimé si fort, par tant de personnes, et puis par Dieu là-haut et si bas dans nos coeurs. J'ai eu mal aux joues en fin de journée, d'avoir tant souri. 

Je lui explique, Ciel que je t'aime, et tu sais, tellement que je t'aime ça déborde de mon coeur, ça déborde de mes yeux.

Il était tard, elle dormait dans son lit médicalisé, sous des tonnes de couvertures, dans le salon devant la télé, sa tête penchée sur le côté. C'est drôle, ses cheveux gris vaporeux faisaient comme une auréole au dessus de sa tête, dans l'obscurité. C'est drôle. Drôle. J'ai niché ma tête dans son cou, elle sentait la crème Nivea. Elle a toujours senti la crème Nivea. Elle s'est réveillée en sursaut, a eu un mouvement de recul en marmonnant "qu'est-ce que c'est ?", elle avait mauvaise haleine. J'ai murmuré "C'est moi. Je voulais te faire un câlin, pas te réveiller". Alors elle s'est laissée allée à ma tendresse, et s'est rendormie. C'est elle, vraiment, qui fait pleurer ma tante, traite ma soeur de salope et ma mère de connasse, c'est elle ? Elle, qui m'apportait le petit-dej au lit, qui m'enseignait à prendre garde aux voitures-crocodiles sur le chemin de l'école, sa main dans la mienne, elle qui regardait Hé Arnold avec moi le mercredi matin, en chemise de nuit Mickey et Minnie, avant de m'accompagner au cheval. C'est elle ?

On se rend compte de l'absence du bonheur quand il revient. Un geste, un mot, une caresse. Cette étincelle dans ses yeux, l'amour n'est pas mort, on se donne du mal, mon amour. Je suis fière de nous.

Je suis fier de toi.

Fier de quoi ?

 

18 avril 2013

C'est là que l'amour se plut à livrer bataille

Le soleil tape dans mon dos, mes ongles peints en pêche, les touches de mon clavier me brûlent les doigts, je croque dans une pomme et bientôt le temps des cerises, celles qui me font grossir tellement j’en mange, celles que je paie jusqu’à 18 euros le kilo tellement je les veux maintenant tout de suite, mon fils en lunettes de soleil et chapeau de paille ou casquette blanche, les orteils à l’air, « t’en as pas marre d’écouter Barbara ? ». Je suis comme ça, monomaniaque. La bouffe chinoise, les cerises, la bachata, les Birk, Barbara. J’aime compulsivement jusqu’à la lassitude.

Paris, enfin. On a troqué le soleil contre la bonne humeur. Le premier pas hors du métro, c’est au cœur du monde que nous atterrissons. Lors des longues balades sous la pluie, je préfère mon amour de fils contre moi, plutôt que sous un sachet plastique dans la poussette. Mille sourires et quelques verres de vin –rouge, la boisson de la maturité- et tu crois qu’on pourrait revenir vivre ici ? Pas sans soleil, je crois.

Je me demande comment deux personnes à l’exact opposé l’une de l’autre peuvent vivre ensemble, j’aime la lumière et lui l’ombre, j’ouvre les fenêtres il les ferme, je préfère étendre le linge lui le détendre, je ne pourrais vivre sans la mer, il ne jure que par la rivière, il augmente le chauffage je l’éteins, j’aime les gens il est asocial, la parole contre le silence, les mots contre la musique. Le jour et la nuit, oui. Les accès de bonheur que j’éprouve en étant là, dans la rame de métro, ou dans le « tigrappartement », ou au milieu des poissons, ou chez Dali, avec tous les deux, me fait dire que tout n’est pas fini. Mais bientôt la sérénité cède le pas à la routine, l’ennui, l’exaspération. Pourtant à 3 heures du matin j’ai toujours besoin de me blottir contre lui. Tout n’est pas fini, mais je baisse les bras.

Il s’est réveillé cette nuit-là, je suis allée dans sa chambre, je l’ai pris dans mes bras et nous nous sommes installés sur le fauteuil à bascule. Il s’est dépêché de téter, sa bouche et mon sein comme deux aimants. J’ai posé mon nez sur sa tête, j’ai senti les toutes petites perles de transpiration dans ses cheveux – cette odeur…- et j’ai pleuré doucement. Un peu par lassitude (donc), un peu de bonheur. Je me suis dit qu’après nous le déluge, et qu’est-ce que j’en ai à foutre de tout le reste, pourvu que sa main cherche encore la mienne quand il tète, pourvu que son souffle continue de réchauffer mon cou quand il est endormi.

 

8 avril 2013

Le printemps c'est joli pour se parler d'amour

Il me regarde comme pour m’encourager. Son sourire fait gonfler ses joues et me donne encore plus envie de les croquer.

Je n’ai pas vu passer l’hiver. Il m’a semblé si doux, mes lunettes de soleil sur le nez, mon bébé sur mon ventre ou dans mon dos, que j’attends encore le grand froid. C’est le printemps, déjà, et je nous expose au moindre rayon de soleil. On n’en revient pas, alors oui c’était vrai, tu aimes te balader quand t’as des gosses. Moi qui détestais marcher. Heureusement, on n’a pas de Scénic. La beaufitude ne passera pas par nous.

Il y a des bas, les larmes de ma mère, parce qu’un dentiste a cassé sa dent, parce que sa mère l’insulte, parce que personne ne la croit, parce qu’elle est une excellente puéricultrice mais sans travail, parce que, parce que. Ma grand-mère nous convoque toutes les deux, ma sœur et moi, elle a quelque chose à nous dire. Quelque chose d’important. « Votre mère a une grave maladie mentale », elle nous dit l’air solennel, les « s » et les « ch » écorchés par son dentier qu’elle a payé 3000 euros en liquide mais qui lui va trop grand ou trop petit je saurais pas dire. « C’est le docteur Jan, J.A.N., le neurologue de la Timone qui me l’a dit ». J’essaie de contenir mon fou-rire, à côté de ma sœur qui s’esclaffe, mais en vrai je trouve ça triste à pleurer. Et l’arrogance de mon père, et je balbutie, je cherche mes mots, il m’impressionne et je voudrais lui dire merde, une bonne fois pour toutes. Trop d’histoires de familles, au pluriel, j’en ai tant, de si différentes. Les cauchemars qui me poursuivent putain, cinq ans après, et après tous ces malheurs, après toutes ces joies, ces turpitudes, ces amours sanglantes mais retrouvées.  Elle existe encore, dans ma tête, elle existe encore en moi donc en nous. Jamais elle va sortir de ma vie je crois.  

Il y a des hauts, son sourire, ses bras tendus, ses grand yeux bleus de gris, ou gris de bleu, avec à l’intérieur l’étoile plus claire qu’on se transmet de père en fille puis de mère en fils. Frère Jacques, la comptine chantée en canon avec ma mère dans la voiture pour calmer Ange, et on en rit aux larmes. Les confidences de ma sœur, qui guette mon approbation, elle est encore si mon bébé, vulnérable malgré son mètre quatre-vingt (et son 95D, la vie est injuste), ça me remue de l’intérieur quand on lui fait du mal, même si c’est pas très grave mais j’ai besoin de la couver encore et cette Suzy je lui ferais bien manger toutes ses dents. Toutes les sorties avec ma famille, celle qu’Ange a créée, nous trois quoi, ou bien avec ma mère, Marseille au milieu de tout ce soleil, de toute cette mer, de tous ces ports. L’air blasé de mon fils dans sa poussette de grand, lunettes de soleil et perfecto en skaï. Le défi terrasse, le jardinage avec ma maman, qui s’y donne à fond comme pour faire en sorte qu’on se sente vraiment bien dans cet appartement, en attendant la maison dans la forêt, parce qu’elle ne peut pas nous offrir de l’habiter tout de suite. Moi aussi j’y ai pris goût, les glaïeuls, les iris blancs, ma lavande juste à côté de la porte qui donne sur le salon parce que ça sent bon, Dédé le figuier et Roger le rosier bien sûr.

Et il y a du plat, du fade, du chiant. Mon cœur qui ne bat plus tellement la chamade, son corps allongé à côté et qui laisse le mien un peu froid. Alors qu’y a quelques jours encore on se retrouvait comme au tout début. Je doute, je m’évade, je ne me comprends plus trop. J’ai passé tellement de temps à lui reprocher de m’oublier, je vois les efforts qu’il fait, il est mignon, tellement lisible. Mais c’est quand tout va bien que j’ai besoin de lui. Dans mes rêves je retrouve cet amour adolescent, puissant, physique, immature et inassouvi. Mais j'ai les pieds bien sur Terre et je sais, je sais que c'est toi que j'aime.

 

23 février 2013

Est-ce que tu m'aimeras encore, dans cette petite mort ?

IMG_0859

Quand on met au monde un enfant, on s’engage, non seulement à le rendre heureux mais aussi à l’être soi-même. Une bonne mère, c’est pas celle qui allaite, c’est pas celle qui prépare des gâteaux de ouf, une bonne mère, c’est une mère heureuse. Moi je le fous où ce fardeau-là ? J’avais déjà supporté, de son propre aveu et même si à mon sens elle ne l’a jamais fait, qu’elle « démissionne » de son rôle de mère. Je trouve ça tellement injuste. Moi je m’accroche. Ce qu’elle a vécu étant adulte, je l’ai vécu entre 10 et 20 ans. Va te construire avec ça. Je lui en veux terriblement, de me faire jouer ce rôle de psy que j’ai du mal à assumer, alors qu’elle en a déjà vu plein des psys, hein. Mais paraît-il que je suis le meilleur. Moi les problèmes des autres me font sombrer, alors quand les autres c’est ma mère, j’ai ce rocher au fond du ventre qui m’empêche de mettre un pied devant l’autre, me donne envie de vomir et ternit les instants radieux. La mélancolie, c’est savourer sa tristesse. La complaisance dans la dépression, c’est quoi ?

Aux dépens de tout le monde, sans même s’en apercevoir, parce que tout ce qu’elle est sincèrement apte à regarder, ce sont ses propres sentiments. J’en fais quoi de ma colère, puisque je ne peux pas la retourner contre elle, puisque ce n’est pas sa faute, puisque je veux l’épargner ? Ouvre les yeux. Il a 3 mois, bientôt 4, et bientôt 20 ans. Tout passe. Elle risque de passer à côté. « Je sais ». Oui tu sais, il est bien là le souci Maman. RÉAGIS, je t’en supplie. Tu me dois bien ça, je crois. J’étais là tout le temps moi pour toi.

Et en même temps je me souviens que je l’aime, que je voudrais, mon Dieu, qu’elle soit heureuse. Je ne peux pas trop la comprendre, je suis pas tombée sur tous ces tarés. Et puis moi, ma mère elle m’aime, elle a contribué d’ailleurs à me faire mère, elle ne me suggère pas d’aller me faire enculer, elle. Je sais tout ça. Mais faire le bilan de sa vie, c’est reconnaître ses failles, regarder ses douleurs mais aussi les voir elles, Cécile et Caroline,  HEUREUSES aujourd’hui, je n’en ai aucun doute. Et en grande partie grâce à elle, le grand paradoxe hein. Et puis lui, Ange, qui a pas l’air si mal.

Elle m’encourage, me pousse, mais si elle est un formidable moteur, elle est aussi le frein le plus radical. Je vais juste arrêter de recueillir toute la faiblesse du monde parce que je n’ai pas les épaules pour la porter, et que je ne les ai jamais eues. Admettre ça, c’est un grand pas. Je ne suis plus seule, je vais me blinder et penser à moi plutôt qu’à sauver les autres. Je fuis, oui, mais pour mon bien et celui de mon fils. Je ne suis pas là pour lui rappeler sans arrêt qu’on l’aime, qu’elle est formidable, qu’elle est belle même quand elle a 2, 5 ou 25 kgs en trop. Si j’aime qu’elle « s’apprête », c’est pour me souvenir du temps où elle faisait attention à elle, où elle allait relativement bien, où elle sentait bon et voulait plaire. Où elle existait socialement. Je ne veux pas me dire qu’elle a baissé les bras. Je veux encore compter sur elle et ça passe par là, la rémission. Se re-regarder dans le miroir, se laver les cheveux, ôter ce vieux pull et mettre une robe, se maquiller les yeux.

On a toujours besoin de sa mère et je trouve la mienne extraordinaire, même si je lui reproche tout ça. Bien sûr c’est par phase mais c’est éreintant d’assister aux épisodes dépressifs, de tenter de la relever, pour qu’elle retombe 5 mètres plus loin. Qui me relève, moi ? Je ne veux plus savoir, je ne veux plus voir. Je profite juste de ces secondes de bonheur non plus à 3 mais à 4, à ces fou-rires et ces complots taquins, ces fausses bougies d’anniversaire.

Je prie que si un jour S. et moi nous séparons, et que je me retrouve seule, je continue à me défouler sur le papier, virtuel ou pas. Mon enfant je veux qu’il me voit heureuse. Et si je ne le suis pas, je ferais semblant. 

 

 

1 février 2013

Ici mène ta vie là

Il y a un an, tu sais, on s’est aimé.

Douze mois déjà.

Et bientôt d’autres anniversaires : le jour où le deuxième trait est apparu sur le bâton rose, et ma tête qui tourne, et Paris qui défile par la fenêtre du taxi qui m’emmène dans ce grand aéroport. Le jour où je t’ai vu pour la première fois, et ton cœur qui clignote, et ce bruit d’un cheval au galop. Le jour où je t’ai senti bouger, un matin, sous ma main. Le jour où il était prévu que tu arrives. Tu naîtras pourtant soixante-douze heures après.

Tu vois, bien avant que tu naisses, ma vie, tu prenais déjà toute la place.

Merci, Ange, d’avoir choisi mon ventre ce jour-là. Merci de nous avoir exaucés et d’avoir fait de nous tes parents. Pardon d’avoir cru que ces quelques jours d’attente n’étaient pas suffisants. C’est toi qui décides, de tout, et c’est très bien comme ça.

Le 1er février 2012 tu es arrivé dans nos vies. Dans mon cœur, tu y étais depuis bien longtemps.  

C’est de l’amour pur qui coule dans tes veines.

 

Sur le même sujet...

Publicité
Publicité
1 2 3 4 5 > >>
Archives
Publicité
Newsletter
Citron sur canapé
Publicité